La chronique de Claire Palama :
Jeunes et Santé Mentale : Comprendre, prévenir et soutenir les nouveaux enjeux ?
La thématique de la santé mentale a été reconnue par le nouveau gouvernement comme l’enjeu de l’année et cet éclairage est une belle opportunité, pour tous, d’approfondir le sujet.
Tout d’abord, il convient de définir la santé mentale qui est une composante à part entière de la santé. Selon l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté » 🧘♀️
Pourquoi parle-t-on de la santé mentale en 2024 ?
Le champ d’action de la santé mentale est préventif. Contrairement à la prise en charge médicale qui traite les symptômes, l’étude de la santé mentale générale tend à prévenir la survenue de ces symptômes et des difficultés en résultant. 🔍
C’est donc lorsque la pathologie est apparue ou que la dégradation de la santé mentale est constatée qu’il devient nécessaire d’en référer à un professionnel. 💊
La santé mentale nous concerne donc toutes et tous et les problématiques en lien avec une mauvaise santé mentale infiltrent toutes les strates de notre société, chaque classe sociale, chaque territoire, chaque école et chaque individu. 💰🏕️🎓
Avec plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrant d’un trouble psychique dépisté, il devient aujourd’hui indispensable de considérer les porteurs de souffrances mentales non plus comme des cas particuliers, mais bien comme une part significative de la population globale. 🌍
En France, les derniers chiffres du Ministère de la santé annoncent que 13 millions de personnes, soit plus d’1/5e de la population est touchée par un trouble psychique. La dépression, à elle seule, concernerait 15 à 20% de la population française sur une vie entière.
Selon Santé Publique France, le suicide, auparavant 2e cause de mortalité chez les jeunes (après les accidents de la route)🛣️, n’a cessé d’augmenter depuis la pandémie Covid. Les indicateurs disponibles aujourd’hui ne nous permettent pas d’établir une prévalence précise, mais nous savons cependant que les jeunes représentent la catégorie la plus touchée par l’augmentation du risque suicidaire dans la population générale.
La France affiche tristement l’un des taux les plus élevés d’Europe et le suicide fait désormais concurrence au taux de mortalité des accidents de la route.💔
Chez Awayke, l’enjeu de la santé mentale a toujours été considéré mais il est devenu central dans la pratique de tous nos intervenants depuis la crise Covid.❤️🩹
À l’occasion des confinements successifs, nous avions proposé d’ouvrir des sessions d’échange gratuites, en visio, à tous les jeunes ressentant le besoin de créer du lien et pour sortir de l’isolement.🤗
Des jeunes impactés depuis la crise Covid ?
Selon le « baromètre santé 2021 » de Santé Publique France, la crise Covid aurait eu un impact particulièrement néfaste sur les jeunes, faisant monter de 10% la prévalence de troubles dépressifs dans cette population.
De plus en plus régulièrement confrontés à des jeunes en détresse et partageant ouvertement la dégradation de leur santé mentale, les Awaykers ont sollicité l’équipe interne pour demander une formation adaptée, leur permettant d’ajuster leur posture et leurs discours auprès des jeunes concernés. ⚖️
Awayke s’engage depuis plus activement encore dans la cause de la santé mentale et cela ne se limite pas aux jeunes que nous rencontrons ou à nos Awaykers.
Dans de nombreux établissements, les enseignants, démunis face à des comportements qui les inquiètent, font appel à nous pour solliciter notre expertise de terrain et glaner quelques précieux conseils pour savoir comment gérer certaines difficultés liées à la santé mentale de leurs jeunes apprenants. 💪🏻
Il faut alors distinguer trois grandes catégories de troubles sur lesquelles il nous est fréquemment demandé d’intervenir :
- les comportements dépressifs et potentiellement à risques.
- les profils anxieux voire phobiques.
- les troubles du neuro-développement (TND).
Les deux premières catégories font référence aux enjeux du secourisme en santé mentale, tandis que la troisième implique pour les enseignants d’être accompagnés sur les adaptations à envisager pour des étudiants à besoins particuliers.
Les troubles du neuro-développement (TND) sont extrêmement nombreux et nous y retrouvons, entre autres, les « Dys », les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA(H)) ou encore les troubles du spectre autistique (TSA).🔍
Cette liste, loin d’être exhaustive, regroupe certaines des difficultés auxquelles les enseignants sont confrontés quotidiennement, sans y être formés.🙈 Les TND pouvant aussi être appelés, pour certains, « troubles des apprentissages », les premiers à être sur la ligne de front sont donc les enseignants, bien avant les thérapeutes et médecins consultés ultérieurement.
Statistiquement, dans chaque classe française se trouve au moins un élève porteur de TND. Plus de 50% des personnes concernées par un TND présentent un autre trouble de santé mentale associé, ce qui rend leurs besoins d’autant plus spécifiques et donc difficiles à combler dans un contexte éducatif traditionnel.🌱
Le personnel venant compléter l’équipe pédagogique dans les écoles (AVS, AESH notamment) sont difficiles à recruter en effectif suffisant. Précisons de plus que les chiffres officiels, déjà alarmants, ne prennent en compte que les cas avérés lorsqu’un diagnostic peut être posé, mais tous les élèves en souffrance n’ont pas bénéficié du même suivi.🫠
Les enseignants face aux enjeux de la santé mentale ?🏋️♀️
Sans prétendre pouvoir « former » les enseignants sur l’ensemble de ces enjeux, nous constatons au fil de nos échanges avec eux que le premier besoin est souvent d’être entendus, pris en compte dans ce dédale psychique. 👂
Une fois la première phase d’écoute passée, les enseignants et accompagnants se réjouissent de pouvoir récolter au cours d’une formation prise en charge par l’établissement, des conseils pratiques que nous leur distillons, tout en tenant compte de leur réalité de terrain. 🙏
Si la solution parfaite existait, elle aurait probablement déjà été trouvée. Face à cette situation alarmante sur la santé mentale des jeunes adultes que nous accompagnons, il est toutefois possible de proposer des solutions d’aide, de soutien, pouvant véritablement changer les choses. 🩵
Chez Awayke, nous ne sommes pas des professionnels de la santé mentale, mais nous sommes tous des professionnels de la pédagogie et de la connaissance de soi, sensibilisés et formés, prêts à apporter notre petite pierre à l’édifice de la santé mentale pour tous. 🧱
Auteur : Claire Palama et le Docteur L.Favre pour sa participation à cette chronique.