La chronique de Claire Palama :
La bienveillance exclut-elle l’exigence ou l’autorité ?

À l’heure de l’éducation positive, bien souvent mal interprétée et excluant toute forme d’autorité, la question de l’exigence envers nos jeunes publics est régulièrement posée.

Que nous parlions d’autorité, d’exigence ou encore de bienveillance, nous nous devons de faire la part des choses et de mettre préalablement de côté un certain nombre de préjugés.

Cet article a pour objectif de revenir aux bases de chaque définition, afin de prendre un certain recul et adopter un regard plus nuancé et surtout, plus objectif. Cette attitude nous permettra de comprendre comment nos Awaykers parviennent, au cœur d’une pédagogie expérientielle, à mêler moments de joie et d’expression de soi et respect d’un cadre professionnel.

Awayke est une entreprise bienveillante qui prône une pédagogie humaine et centrée sur les apprenants. Très actuel, ce mot a tendance à être galvaudé et redéfini au gré de ceux qui l’utilisent. Souvent présentée comme étendard, la bienveillance est vidée de sa teneur lorsqu’elle est utilisée comme un faux synonyme de candeur ou de gentillesse. 

« La bienveillance est, avant tout, une disposition de l’esprit permettant une compréhension de l’autre et incitant à l’indulgence »
(définition du Larousse).

Quelle est notre vision sur cette approche?

Chez Awayke, nous considérons que la bienveillance est une posture, devant être incarnée par l’Awayker devant son groupe.

Nous présentons souvent la bienveillance en lien avec le « non-jugement », afin de favoriser l’acceptation de l’autre dans sa différence et son unicité.

Sans nier la différence de l’autre, il y a alors un choix conscient de l’accueillir tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit — en évitant donc les projections.

Jusque-là, il n’y a a priori pas de problème  majeur de compréhension. La difficulté arrive lorsque, face à des jeunes plus distraits ou bruyants, un Awayker se voit dans l’obligation de rappeler le cadre et de poser des limites comportementales.

 

« La bienveillance peut-elle se retrouver dans le « non »?
Chez Awayke, nous pensons justement que oui. »

 

Être bienveillant signifie aussi adopter une posture permettant de voir le potentiel de l’autre. Le fait de refuser de poser une limite ou de ne pas oser rappeler un cadre commun serait finalement un renoncement au développement du jeune.

Être bienveillant nécessite également de savoir montrer une certaine exigence. Parce que je suis bienveillant avec toi, je peux être exigeant envers toi et t’accompagner à révéler ce que tu as de meilleur. Chez Awayke, « bienveillance sans exigence, c’est de la complaisance ».

La bienveillance n’est pas non plus synonyme de gentillesse. Être gentil dans l’absolu ne signifie d’ailleurs pas grand-chose. En tant que professionnels de l’accompagnement, nos partenaires n’attendent pas de nos Awaykers de la gentillesse. Ils attendent en revanche, et à juste titre, une expertise et une transmission dans une ambiance joviale et bienveillante certes, mais aussi respectueuse et professionnelle.

Se pose alors la question de la place de l’autorité. Cicéron disait déjà : « l’autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent s’instruire ». Cette conception de l’autorité se comprend notamment par la confusion entre autorité et pouvoir imposé par le grade de « celui qui sait » par rapport à « celui qui apprend ».

Comment intégrer la bienveillance dans notre quotidien?

La bienveillance est une posture qui se perçoit et est bien souvent ressentie par les apprenants. Si l’intention est juste et perçue de la sorte par les jeunes accompagnés, alors s’instaure une confiance dans la relation.

Chez Awayke, nous appelons cela « faire alliance ».

La relation de confiance et de responsabilité installée permet aux jeunes d’accepter plus aisément certaines limites posées par nos facilitateurs. Les publics accompagnés sont nombreux et très variés, mais ont malgré tout plus de points communs que de différences. Nos jeunes adoptent globalement une posture de méfiance, pour ne pas dire de défiance, lorsqu’ils ne comprennent pas quelles sont les règles et pourquoi elles sont instaurées.

Lorsque le cadre est posé et que l’alliance est faite, en toute bienveillance, alors l’opposition et la méfiance disparaissent, et les jeunes adhèrent à un cadre devenu sécurisant et juste.

De nombreux jeunes nous disent en fin d’atelier « on sent que vous êtes vraiment engagés et que vous aimez ce que vous faites, alors ça donne envie de faire des efforts ». 

Nous comprenons alors que l’autorité dont parlait Cicéron était imposée, souvent sans justification car elle découlait d’une intention de pouvoir. L’autorité dont nos Awaykers font usage est finalement un savant mélange de bienveillance et d’exigence permettant de faire alliance avec les jeunes accompagnés. 

Plutôt que de parler d’autorité, nous préférons donc évoquer l’exigence permettant aux jeunes de « mieux se connaître, pour libérer leur potentiel et trouver leur voie » ! 

Auteur : Claire Palama

 

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